Amoûûûûûr
Ah... les coeurs, les fleurettes, les oisillons, les plumes, les paillettes, le rose, les chocolats, et surtout, surtout, les correspondants allemands...
En ce jour où le romantisme règne en maître dans nos coeurs (chéri, si tu me lis, la prochaine fois que tu ne rebouches pas le dentifrice je te le fais bouffer par le...) bref, en ce jour béni où l'amour envahit tout, il me fallait parler de nos ados chéris, et vous raconter leurs premiers frissons.
Depuis quelques temps, les coeurs étaient en émoi, les lisseurs pour cheveux chauffaient, les pots de gel s'accumulaient. Les correspondants allemands allaient arriver! Certains faisaient les blasés, mais tous étaient sur le qui-vive. Notamment Jennifer, brune pétillante à fort caractère et langue bien pendue, à la recherche de l'Âme Soeur du haut de ses 13 ans.
Ils correspondaient depuis plusieurs mois, s'étaient vus en photo et en vidéo, s'attendaient avec impatience. Jennifer, elle, avait saisi immédiatement l'opportunité, la vidéo lui ayant révélé un vivier jusqu'alors inconnu, de mâles tous plus extraordinairement beaux les uns que les autres. Sa correspondante? Oui, oui, certes, mais ce n'était pas l'objet de ses fantasmes. Non. Elle avait repéré tout le potentiel de cette rencontre, qu'elle a traduit pour moi en ces quelques mots frissonnants d'espoir "Rhannn Madame les garçons allemands y sont trooooooop beauuuuuux! Pas comme ceux de chez nous, hein!". Ce à quoi je lui ai doctement répondu en lui citant l'un des plus grands philosophes de tous les temps, Obélix "Les garçons, c'est comme les petits déjeuners, ils sont toujours meilleurs ailleurs que chez soi." (sauf qu'Obélix parlait des romains).
Une semaine passa, durant laquelle je ne vis guère mes petits cupidons partis mener leur étude linguistique (dans tous les sens du terme).
C'est vendredi, juste après le départ des germains, que je les ai revus. Yeux rouges, nez coulants, cernes, reniflements, certaines filles sanglotantes noyées dans leurs mouchoirs, le dos tapoté par des amies compatissantes. Et Jennifer? Jennifer, me direz-vous, a-t-elle trouvé l'âme soeur si soigneusement choisie en vidéo?
Eh bien oui, ami lecteur, je ne vous ferai point languir si longtemps, Jennifer a trouvé le Grand Amour Immortel, et se pâme de désespoir durant tout le cours. Jennifer sanglote, larmoie, oui, l'âme soeur était celui qu'elle avait choisi juste avant!! Leur Amour franchira tous les obstacles. Jennifer se lancera dans la linguistique à coeur perdu.
Tout ceci n'est pas sans rappeler votre fidèle narratrice, à un âge similaire, qui a trouvé l'Amour Eternel en la personne d'un certain Karsten blond, qui, avec tout le recul de ma petite trentaine, était je pense prêt à tomber amoureux de toute fille prête à se laisser un peu tripoter, mais passons...