Administration et Modernité
Eh si. Vous avez bien lu le titre. La Très Sainte Administration de notre Mère l'Education Nationale amorce son entrée dans l'ère moderne, que dis-je, contemporaine. Fi de tous les ignares qui pourraient suggérer que ce titre est antithétique. Fi, vous dis-je. Il y a eu des signes avant-coureurs, comme le projet I-prof, montrant que dans les plus hautes sphères gouvernementales, l'informatique a fait son entrée. Restaient les petites sphères que sont le rectorat ou même le collège. Ca y est. Nous y sommes.
Ou presque. Onva dire qu'ils font des efforts.
Un exemple? Eh bien, au rectorat (demeure du rectum d'académie, pour ceux qui l'ignoraient), ils ont abandonné leurs vieilles machines à écrire pour des "machines électroniques de traitement numérique de l'information, exécutant à grande vitesse les instructions d'un programme enregistré" (dixit le Robert). En bref, des ordinateurs. Or, ils ne maîtrisent pas tout à fait cette technologie d'un genre nouveau, eux qui sortent tout juste de l'ère du gourdin et de la chasse au sanglier. Notamment, ils n'ont pas compris, dans la définition susmentionnée, la notion de "grande vitesse". Une preuve? Hé bien, lecteur sceptique, l'an dernier j'ai travaillé à 80% de mes capacités pour éducationner ma Titefille. Je touchais donc 80% de mon salaire. L'ordinateur (car c'est lui, hein, l'autonomie de cet engin me surprendra toujours) a compris, à grande vitesse, qu'il devait me donner moins de sous.
Cette année j'ai décidé de redonner 100% de mes capacités de travail à mon établissement. Le rectorat a été prévenu 6 mois à l'avance, histoire que l'information franchisse les millénaires qui existent entre ma vie et leurs bureaux. Comme ils sont entrés dans l'ère moderne, j'ai naïvement pensé que je retrouverai mes sous aussi vite que je les ai perdus. Eh bien non. Car la machine à grande vitesse, si elle a bien compris qu'elle pouvait garder mon argent, n'a pas du tout compris que maintenant elle doit m'en donner. Je continue donc à toucher 80% de mes sous!
Suite à mon commentaire indigné, j'ai reçu la réponse suivante: "suite à des lenteurs informatiques, votre paye n'a pas pu être versée intégralement. Le manque à gagner vous sera crédité sur la paye de décembre". Eh oui, l'entrée dans l'ère moderne cafouille un peu. Saleté d'ordinateur. A l'époque, les fiches de paye se faisaient à la main et on les perdait allégrement. Maintenant, ce sont des "machines à grande vitesse" qui ont des "lenteurs", les humains ont des gaz, les machines ont des "lenteurs. Car elles sont douées d'une vie propre, il faut le savoir. Je pensais naïvement qu'un humain devait programmer la machine en question, mais il semblerait que non, l'humain de bureau se contente de boire son café ense plaignant "unga bunga machine lente". Remarquons aussi que ces "lenteurs" ne peuvent s'accélérer... je vais toucher un gros paquet de sous en décembre, soit APRES noël sinon c'est pas drôle.
De même, le collège est touché par cette modernisation galopante. En effet, nous passons de la "vieille disquette qui bugge" à la "super clé USB rose et mauve"pour faire nos bulletins. Hé oui, jusqu'à l'an dernier, nous avions des disquettes. Mais pour notre entrée dans cette nouvelle ère, nous avons de nouveaux moyens de communication. N'est-ce pas formidable? Sauf que. Sauf que sur la clé, ce salaud d'ordinateur a mis TOUT seul l'ancienne version du logiciel, ce qui fait qu'il est impossible de l'utiliser. Hé oui. Les notes sont à rendre pour jeudi.
Alors moi je dis, cher lecteur, écrivez à notre rectum d'académie, dites lui de ne pas trop stresser ces pauvres ordinateurs qui ont tellement de mal à s'adapter à la frénésie galopante de notre si belle époque. Dites-lui que les bulletins à la main, eux, au moins, ils fonctionnaient...