Pentecôte
En ce jour de solidarité nationale, où tout le monde travaille (enfin, d'après les infos, 40% de tout le monde, hein!), nous autres n'avons pas dérogé à la règle. Avons-nous distillé avec patience et compétence notre science aux jeunes avides de connaissances? Non, bien sûr, nous avons en fait débattu de leur avenir et organisé l'année prochaine avec enthousiasme.
Que sont deux heures d'assemblée générale avec le pire orateur de la planête, au point que Socrate fait la toupie dans sa tombe, à discuter des statistiques (faibles) de notre établissement, si c'est pour sauver le monde être solidaires avec nos aînés? Pourquoi de fascinants groupes de travail (thérapie de groupe) dans lesquels chacun se plaint énergiquement des incivilités- du bruit- des chewing-gums- de l'utilisation abusive des toilettes, le tout sans faire émerger la moindre solution?
Heureusement, il y avait la pause pizza du midi, bien méritée, bien arrosée de rosé avec bataille de bouchons à la clé. La gueule de bois en moins, ça a été le moment le plus sympa de la journée.
Du réchauffé, me direz-vous. Mais tout ceci ne faisait qu'introduire "le temps de réflexion" sur la dernière circulaire de notre chère inpectrice concernant le socle commun. Morceaux choisis:
"il (le socle commun) se présente bien comme un projet, un projet qui dit - au sens originel du terme, c'est-à-dire qui montre (deikumi en grec)"
"Nôtre tâche est de savoir à quelles conditions ce projet peut devenir réalité. Deux poètes du XXèmes siècle peuvent apporter leur caution:
-Yves BONNEFOY qui écrivait dans son poème "l'Adieu"
Tout est toujours à remailler du monde
Le paradis est épars, je le sais,
C'est la tâche terrestre d'en reconnaître
Les fleurs disséminéesdans l'herbe pauvre." (je vous épargne la suite)
"Nous avons retenu pour ce projet la métaphore du pilote - celui qui tient le gouvernail en grec byzantin- "
et enfin, last but not least (comme dirait l'autre)
"Certes elle place le professeur en posture d'évaluateur bienveillant et exigeant -la posture de "l'ami critique"- " Moi je propose, personnellement, qu'on nous rebaptise GO, mais alors j'exige la piscine, hein!
Voilà. Deux pages dactylographiées dans ce goût-là. Avec demande de réaction de notre part, ce à quoi nous avons répondu qu'il nous fallait un temps de méditation et de réflexion pour bien nous imprégner de ces propos plein de sagesse.
Amis non-profs, on nous critique souvent, mais franchement, quand on voit les préoccupations de nos chefs, sérieusement, va falloir construire une échelle pour les faire revenir parmi nous, parce que là, c'est grave...